Le transfert d’embryons congelés (TEC) constitue une étape cruciale dans le parcours des couples confrontés à des difficultés de fertilité. Il s’inscrit dans le cadre plus large de de la Procréation médicalement assistée (PMA), qui regroupe un ensemble de techniques médicales visant à aider à concevoir. Le TEC permet d’implanter dans l’utérus un embryon cryopréservé (1), issu d’un cycle antérieur de fécondation in vitro (FIV), d’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde (ICSI) ou d’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde morphologiquement sélectionné (IMSI). Cette méthode offre ainsi la possibilité d’optimiser les chances de grossesse en évitant de répéter à chaque tentative le processus de stimulation ovarienne, souvent vécu comme contraignant et générateur d’effets secondaires.
Pourquoi congeler des embryons?
La congélation des embryons est une technique couramment utilisée dans un parcours de PMA. Elle consiste à conserver des embryons à très basse température, dans de l’azote liquide, pour les utiliser ultérieurement lors d’un cycle de transfert. Cette méthode offre de nombreux avantages aux couples confrontés à des difficultés de fertilité.
- Utilisation des embryons surnuméraires: Lorsqu’un couple réalise une fécondation in vitro (FIV), il est fréquent d’obtenir plusieurs embryons. Ceux qui ne sont pas transférés lors du premier cycle peuvent être congelés pour une utilisation future. Cela permet d’augmenter les chances de grossesse sans avoir à répéter les stimulations ovariennes.
- Réduction du risque d’hyperstimulation ovarienne (HSO): L’HSO est une complication potentielle des traitements de FIV qui peut entraîner des douleurs abdominales, des gonflements et, dans les cas les plus graves, des problèmes de coagulation. En reportant le transfert d’embryons et en optant pour la congélation, on réduit considérablement ce risque.
- Report de la grossesse: La congélation des embryons permet aux couples de reporter leur projet de parentalité pour des raisons personnelles, professionnelles ou médicales.
- Séparation temporelle entre la stimulation ovarienne et le transfert: En dissociant ces deux étapes, les patientes peuvent mieux gérer les contraintes liées aux traitements.
- Conservation des chances de conception: La congélation d’embryons permet de préserver la fertilité pour les femmes qui souhaitent avoir des enfants plus tard, par exemple en raison de traitements médicaux (chimiothérapie, radiothérapie) susceptibles d’altérer leur fertilité.
- Sélection des embryons: La congélation permet de sélectionner les embryons de meilleure qualité pour le transfert, augmentant ainsi les chances de succès.
Comment se déroule la congélation des embryons?
La congélation des embryons est une procédure délicate qui nécessite un savoir-faire spécifique. Les embryons sont placés dans un milieu de culture contenant un cryoprotecteur, une substance qui protège les cellules de la formation de cristaux de glace lors de la congélation. Ils sont ensuite refroidis très rapidement et conservés dans de l’azote liquide à une température de -196°C.
La congélation d’embryons est une technique éprouvée en PMA qui offre de nombreux avantages aux couples en quête d’un enfant. Elle permet d’optimiser les chances de succès des traitements, d’améliorer la qualité de vie des patientes et de préserver la fertilité.
Les différents types de cycles pour le TEC
Pour garantir une implantation réussie, il est crucial que le développement de l’embryon soit parfaitement synchronisé avec la réceptivité de l’endomètre. Voici les options de préparation endométriale:
- Cycle stimulé: Ce cycle inclut une légère stimulation ovarienne avec de petites doses de gonadotrophines pour favoriser une ovulation de qualité. Le déclenchement est ensuite planifié pour optimiser le moment du transfert.
- Cycle artificiel ou substitué: Dans ce protocole, l’endomètre est préparé par un traitement à base d’œstrogènes et de progestérone, simulant le cycle naturel. Cela offre une plus grande flexibilité dans la programmation du transfert et maximise les chances de grossesse.
Processus de décongélation des embryons
La décongélation des embryons, appelée dévitrification, consiste à les immerger dans plusieurs bains de réhydratation pour éliminer progressivement les cryoprotecteurs utilisés lors de la congélation. Les embryons sont ensuite observés pour évaluer leur viabilité.
Taux de survie: Environ 90 % des embryons survivent à la dévitrification, mais ceux qui conservent moins de 50% de leurs cellules viables ne sont généralement pas transférés.
Etapes du transfert d’embryons congelés
Le transfert est une procédure simple et indolore qui se réalise en quelques minutes, généralement sous contrôle échographique pour garantir une précision optimale.
- Le jour du transfert: L’embryon est introduit à l’aide d’un cathéter fin, directement dans la cavité utérine.
- Nombre d’embryons transférés: Pour limiter les risques de grossesse multiple, le transfert est souvent limité à un ou deux embryons.
Quand faut-il transférer les embryons congelés?
Le transfert embryonnaire dépend de plusieurs facteurs, dont:
- Le stade de développement embryonnaire.
- La fenêtre d’implantation endométriale.
En règle générale, le transfert est effectué au cinquième jour de développement embryonnaire (J5), correspondant au stade de blastocyste. Toutefois, cette chronologie peut varier selon le nombre et le type d’embryons disponibles, ainsi que selon le traitement administré pour préparer l’endomètre de la patiente.
Cette règle s’applique aussi bien aux transferts d’embryons frais qu’aux transferts d’embryons cryopréservés.
Nombre optimal d’embryons à transférer
La législation en Espagne autorise le transfert d’un maximum de trois embryons. Toutefois, à l’Instituto Bernabeu, la politique médicale privilégie le transfert d’un ou deux embryons, en fonction du contexte clinique. Une évaluation individualisée est réalisée en tenant compte de plusieurs paramètres:
- Âge de la patiente.
- Nombre d’enfants précédents.
- Pathologies utérines.
- Qualité embryonnaire.
Impact de la qualité embryonnaire sur le succès du transfert
Bien que le nombre d’embryons transférés joue un rôle important dans la probabilité de grossesse, la qualité embryonnaire est primordiale. Un transfert d’un seul embryon de haute qualité, au stade de blastocyste (J5-J6), est souvent plus efficace qu’un transfert de plusieurs embryons à un stade moins avancé (J3).
Cette approche vise à:
- Réduire le risque de grossesses multiples.
- Optimiser les chances d’implantation grâce à la sélection des embryons les plus viables.
Cryopréservation des gamètes
En plus des embryons, la cryopréservation des spermatozoïdes et ovocytes est couramment utilisée. Cela permet de sécuriser la fertilité pour les personnes devant suivre des traitements médicaux pouvant impacter leur fertilité.
- Congélation des spermatozoïdes: Utilisée dans le cadre de FIV ou en cas de besoin de préservation de la fertilité.
- Congélation des ovocytes: Utile pour les femmes avant un traitement pouvant affecter leur fertilité.
Résultats et perspectives du TEC
Le transfert d’embryons congelés offre des taux de grossesse compétitifs par rapport aux embryons frais. Cependant, la réussite dépend de nombreux facteurs, notamment l’âge de la patiente et la qualité embryonnaire.
Suivi post-transfert: Un test de grossesse est généralement effectué 10 à 14 jours après le TEC pour vérifier l’implantation. En cas de réussite, un suivi précoce est assuré par échographie pour confirmer la progression de la grossesse.
Le transfert des embryons congelés représente une avancée importante en PMA, offrant une seconde chance de grossesse sans repasser par une stimulation ovarienne complète. Cette méthode apporte de la souplesse et réduit les risques pour les patientes. Bien que les défis liés à la survie embryonnaire subsistent, les progrès en cryopréservation et en suivi médical renforcent les chances de réussite. Le TEC s’impose ainsi comme une solution clé pour les couples en parcours de procréation médicalement assistée.
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(1)- Un embryon cryopréservé est un embryon humain qui a été congelé à très basse température, généralement dans de l’azote liquide à -196°C. Cette technique, appelée cryopréservation, permet de mettre en pause le développement de l’embryon et de le conserver pendant de nombreuses années sans altérer significativement sa viabilité.