Le spermogramme est un examen de laboratoire crucial pour évaluer la fertilité masculine, souvent requis dans le cadre d’un parcours de Procréation Médicalement Assistée (PMA). L’infertilité est définie comme l’incapacité à concevoir après un an de rapports sexuels réguliers non protégés. L’évaluation de l’infertilité masculine comprend une série d’analyses approfondies, dont un historique médical et sexuel complet, un examen physique détaillé et des tests spécialisés du sperme. Le facteur masculin est impliqué de manière significative dans environ 30 % des cas d’infertilité, et il contribue à près de la moitié des situations infertiles.
Lors de l’éjaculation, le sperme, un mélange complexe de spermatozoïdes et de sécrétions des organes sexuels accessoires (prostate, vésicules séminales, glandes bulbo-urétrales et épididymes), est libéré en bolus(libération du sperme en une seule masse ou quantité, plutôt qu’en un flux continu). Les caractéristiques évaluées dans un spermogramme incluent le nombre total de spermatozoïdes, le volume de liquide séminal, la concentration, ainsi que la viabilité, la motilité et la morphologie des spermatozoïdes. Une analyse minutieuse de ces paramètres est essentielle pour identifier les causes de l’infertilité masculine.
Exigences et procédure de prélèvement des échantillons
L’échantillon de sperme doit être collecté par l’homme par auto-masturbation après une période d’abstinence sexuelle de 3 à 7 jours. Des instructions claires doivent être fournies pour garantir une collecte complète de toutes les fractions de l’éjaculat, toute perte doit être signalée. Étant donné la variabilité de la composition du sperme, il est recommandé de fournir 2 ou 3 échantillons pour des résultats plus précis.
Le sperme doit être collecté dans un récipient stérile, à large ouverture, non toxique pour les spermatozoïdes, et conservé à une température ambiante de 20 °C à 37 °C. Si nécessaire, le sperme peut être recueilli lors de rapports sexuels à l’aide de préservatifs spécialement conçus, non toxiques pour les spermatozoïdes. Le sperme doit être acheminé au laboratoire dans l’heure suivant la collecte pour prévenir les effets négatifs de la déshydratation et des variations de température. L’analyse doit suivre les méthodes requises avec des mesures de contrôle de qualité rigoureuses.
Tests diagnostiques
L’analyse du sperme comprend plusieurs étapes :
- Liquéfaction des spécimens : Elle doit se produire dans les 60 minutes suivant la collecte pour obtenir un échantillon homogène.
- Mesure du volume et pH : Suivie d’une évaluation de l’apparence, de la motilité et d’une dilution appropriée pour le comptage des spermatozoïdes.
- Bilan de vitalité : Déterminer si les spermatozoïdes immobiles sont morts ou vivants, notamment en cas de faible nombre de spermatozoïdes.
- Tests pour les anticorps anti-spermatozoïdes : Si une agglutination est observée.
- Analyses biochimiques : Test du fructose, du zinc et de la glucosidase neutre séminale si nécessaire.
Résultats et conclusions essentielles
Les valeurs de référence pour l’analyse du sperme sont :
- Volume de l’éjaculat : ≥ 1,5 ml.
- Valeur du pH : ≥ 7,2.
- Concentration de spermatozoïdes : ≥15 millions/ml.
- Nombre total de spermatozoïdes dans l’éjaculat : ≥ 39 millions.
- Morphologie : > 4 % de formes normales.
- Vitalité : ≥ 58 % de spermatozoïdes vivants.
- Motilité progressive : ≥ 32 %.
- Pas d’agglutination.
- Viscosité : < 2 cm après liquéfaction.
Importance clinique
L’analyse du sperme est une étape clé dans l’évaluation de l’infertilité masculine. Un historique détaillé, un examen physique complet et une analyse du sperme sont essentiels pour un diagnostic précis. Si les résultats sont normaux, un seul échantillon peut suffire. En cas de résultats anormaux, l’analyse doit être répétée après un cycle complet de spermatogenèse (environ 3 mois).
Faible volume de sperme
- Faible volume de sperme (< 1,5 ml) : Lorsque le volume de sperme est particulièrement bas, notamment inférieur à 1 ml, un échantillon d’urine doit être prélevé immédiatement après l’éjaculation. Cet échantillon est centrifugé et examiné au microscope pour rechercher des spermatozoïdes. La présence de spermatozoïdes en quantité significative dans l’urine post-éjaculatoire indique une éjaculation rétrograde. Cette condition peut être due à une lésion de la moelle épinière, une prostatectomie transurétrale, une dissection des ganglions lymphatiques rétropéritonéaux, un diabète sucré, une myélite transverse, une sclérose en plaques ou des causes psychogènes.
- Collecte incomplète du sperme : Une collecte incomplète ou la perte d’une partie de l’échantillon peut entraîner un faible volume de sperme.
- Déficit en testostérone : Un faible volume de sperme et un faible nombre de spermatozoïdes peuvent également être associés à un déficit en testostérone.
- Obstruction du canal éjaculateur : Un faible volume de sperme sans spermatozoïdes ou avec un nombre très faible peut résulter d’une obstruction du canal éjaculateur ou d’une absence bilatérale congénitale du canal déférent, entraînant un développement incomplet des vésicules séminales.
Faible nombre de spermatozoïdes
Les hommes présentant un faible nombre de spermatozoïdes (< 15 millions/ml) avec des dysfonctionnements sexuels ou des signes cliniques de pathologie endocrinienne doivent subir des tests hormonaux. Les analyses initiales incluent la mesure de la testostérone totale sérique (entre 8 h et 10 h) et de la FSH sérique. Si la testostérone totale est basse (< 300 ng/ml), une deuxième mesure de la testostérone totale et libre, de la LH sérique et de la prolactine est nécessaire. Les résultats limites nécessitent des tests répétés. Un dépistage hormonal initial est recommandé pour tous les hommes souffrant d’infertilité masculine.
- Hypogonadisme hypogonadotrope primaire : Un faible nombre de spermatozoïdes, un faible taux de testostérone, une FSH élevée et une LH élevée indiquent ce schéma, affectant la spermatogenèse et les cellules de Leydig. Des anomalies chromosomiques comme le syndrome de Klinefelter et les microdélétions du chromosome Y doivent être exclues par caryotype.
- Lésions des tubules séminifères : Un faible nombre de spermatozoïdes avec une testostérone normale, une LH normale et une FSH élevée suggère des lésions des tubules séminifères sans dysfonctionnement des cellules de Leydig.
- Hypogonadisme hypogonadotrope : Un faible nombre de spermatozoïdes avec une testostérone basse, une FSH normale ou basse, et une LH normale ou basse nécessite la vérification d’autres déficits hormonaux hypophysaires, incluant la fonction thyroïdienne (T4 libre), le cortisol matinal et la prolactine. Un taux élevé de prolactine peut indiquer une tumeur sécrétant de la prolactine.
- Syndrome d’insensibilité partielle aux androgènes : Un faible nombre de spermatozoïdes, des taux élevés de testostérone, de LH, et une FSH normale peuvent indiquer ce syndrome. Les hommes atteints peuvent présenter une gynécomastie et divers degrés de manifestations génitales dues à un mauvais fonctionnement des récepteurs aux androgènes.
- Obstruction des voies génitales : Un faible nombre de spermatozoïdes avec des taux hormonaux normaux et une taille normale des testicules nécessite une évaluation de l’obstruction des voies génitales, souvent confirmée par une échographie.
Vitalité du sperme
Elle indique le pourcentage de spermatozoïdes vivants dans l’échantillon éjaculé, devant être ≥ 58 %.
Morphologie du sperme
Des anomalies morphologiques des spermatozoïdes suggèrent un problème de spermatogenèse. La procréation assistée, comme l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), peut être envisagée. Cependant, l’impact de l’évaluation de la morphologie sur les taux de grossesse après fécondation in vitro (FIV) reste controversé.